Dans ce moment de crise sanitaire avec une population scolaire en rupture avec les lieux et équipes éducatives nous nous rendons compte que le rôle de « l’école » ne se limite pas uniquement à la transmission de savoirs. Ces circonstances exceptionnelles doivent nous amener à repenser nos rythmes scolaires sans tabou, avec pour seule boussole l’intérêt des élèves, de la maternelle à l’université.
L’école est un lieu de vie ; des espaces où notre jeunesse se construit. Elle doit s’adapter aux changements de la société, aux réalités des enfants, sans pour autant oublier son rôle de « structure repère ».
Pour les enfants, leur cadre de vie, leur rythme de vie se sont considérablement transformés ces vingt dernières années ; il n’y a pas ici l’idée de juger ces changements mais seulement de les poser sur la table pour voir comment améliorer l’accueil des enfants dans les établissements scolaires, sans tabou. Jean-Michel Blanquer veut reproduire l’école qu’il a connu. Mais nous n’inventerons pas l’école du 21e siècle avec comme modèle celle du milieu du 20e.
En s’appuyant sur le travail de l’Académie nationale de médecine, Vincent Peillon avait mis en place de nouveaux rythmes scolaires, prenant en compte la santé de l’enfant : - améliorer les conditions d’apprentissage par des emplois du temps appropriés, - réduire la fatigue et les tensions de l’enfant - et instaurer une meilleure qualité de vie de l’enfant dans l’école. Qu’en reste-t-il ? Priorités économiques, touristiques ont « eu la peau » de ce travail. Je reste convaincue que la semaine de quatre jours et demi, c’est-à-dire de cinq matinées d’école est, aujourd’hui, le meilleur rythme pour les enfants. Cette organisation suppose, suivant les données médicales connues, un travail le samedi matin.
Au calendrier hebdomadaire sur lequel nous devons à nouveau nous pencher, deux autres calendriers méritent notre attention.
Tout d’abord le temps des grandes vacances, temps unique qui constitue un moment fort de l’année pour enfants et parents : se retrouver en famille, se construire des souvenirs. Il est légitime aujourd’hui de se poser la question, ce temps doit-il toujours être aussi long ?
Initialement prévu et calé sur le besoin de main-d’œuvre pour les travaux agricoles, il n’a plus du tout la même réalité. À cela s’ajoute la difficulté pour de nombreuses familles de trouver des modes de garde sur un temps si long qui ne soit pas une charge financière inassumable.
On peut aussi se poser la question d’une uniformité de ces temps de vacances sur tout le territoire national. Des expérimentations pourraient être menées suivant les réalités territoriales et les réalités vécues par les enfants.
Avec notre calendrier scolaire et universitaire, des milliers de salles de classes, d’amphis, de cantines, de
gymnases, d’internats... sont inoccupés ou inutilisés pendant plusieurs semaines
dans l’année. Et si ces locaux étaient mieux mis à la disposition d’associations culturelles, artistiques ou sportives ?
Je prendrai ensuite le baccalauréat, dont le passage à 18 ans pouvait être pertinent il y a encore une vingtaine d’années, est aujourd’hui plus restrictif que bénéfique.
L’entrée dans la vie active est beaucoup plus tardive pour de nombreux jeunes : temps d’étude plus long, engagement dans la vie familiale plus tardif... Ne pourrait-on pas donner du temps aux élèves pour entrer dans les apprentissages par l’expérimentation, l’échanges, des apprentissages différenciés ? Pourquoi ne pas reculer le passage du baccalauréat à 19 ans ou plus ? En effet, les programmes scolaires sont toujours plus denses. À ces apprentissages s’ajoutent toute une série de missions assignées à l’éducation nationale : sensibilisation aux dangers des réseaux sociaux, réflexions sur la laïcité, à l’égalité entre les garçons et les filles, au bien-manger etc... Tous ces sujets sont importants mais ils viennent s’ajouter sans que le temps de présence à l’école ne s’accroisse. À un moment, il faudra bien se poser la question d’une augmentation du temps scolaire global.
Ces questions du rythme scolaire ne sont pas sans conséquence, nous avons pu le constater lors de la mise en place de la semaine de quatre jours et demi, qui était un bon début pour remettre l’enfant au centre du système éducatif.
En repensant ce temps dédié à l’école nous devrons aussi penser au temps dédié aux loisirs et remettre l’éducation populaire pour tous au centre de nos ambitions.
L’école est un sujet qui passionne et c’est tant mieux. Vive l’école !! Et Vive le débat !
Anne Maréchal
Conseillère départementale
Enseignante
Parent d’élèves
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