En préambule de l’Université de rentrée, Tristan Foveau a appelé les Socialistes à bâtir, avec leurs partenaires, un projet alternatif et à éviter les querelles stériles.
« (...) Disons-le d’abord tout net : cet accord électoral nous a été dicté par les circonstances. “ L’analyse ne change rien au réel ”, disait Lacan. Et l’analyse, depuis avril, ne change rien au réel sur lequel cet accord a prospéré : un désir d’union exprimé sous toutes les formes et par tous les moyens par les électeurs de Gauche, sondage après sondage, élection après élection, un désir d’union traduit au premier tour de la Présidentielle par une forme de primaire entre candidats de Gauche qui n’a pas dit son nom et la crainte, malheureusement confirmée, de voir arriver en force l’Extrême- droite à l’Assemblée nationale.
Un accord dicté par les circonstances donc. Mais la force des circonstances empêche-t-elle l’espoir ? Assurément non, et nous avons suscité un espoir qu’il s’agira pour nous, demain, de ne pas décevoir.
Cet espoir, c’est celui de millions d’électeurs qui ont porté nos candidats à l’Assemblée nationale partout en France, comme Mélanie sur la 6e circonscription. Ces électeurs ont imposé cet accord et redéfini de fait l’espace politique de la Gauche : car cet espace politique n’est pas simplement celui des appareils politiques. C’est un espace composé des voix de celles et ceux qui nous ont fait confiance en se portant sur les candidats de la Gauche. (...)
Je souhaite que nos débats soient les plus riches et les plus libres possibles. J’ai une conviction : que dans cet espace politique nouveau issu des Législatives, il ne nous faut pas craindre la concurrence intellectuelle, électorale et partidaire. Celle-ci peut être fertile pour nos formations respectives. Certains voient dans la NUPES une machine à uniformiser. Moi, je la vois plutôt comme une invitation à l’émulation pour les formations qui la composent.
Et à vrai dire, j’aborde cette concurrence avec une certaine sérénité. D’abord, parce que je crois à la force de l’idée socialiste : au XIXe siècle, la grande question posée était celle du régime politique. Au début du XXe c’est la question sociale qui s’est imposée et c’est Jean Jaurès qui fut le promoteur de l’idée de République sociale. Aujourd’hui, l’impératif écologique appelle une nouvelle synthèse pour une République sociale et écologique. L’idée socialiste, on la trouve dans le refus de l’exploitation par quelques-uns du travail et de la nature. C’est cela notre mission historique.
J’aborde cette concurrence avec sérénité, ensuite, parce que notre
formation politique est encore robuste et suscite même un début d’intérêt renouvelé, un frémissement en tout cas : j’en veux pour preuve la vingtaine de nouveaux adhérents qui nous ont rejoints depuis juin : Olivier à Quimperlé, Axel au Relecq-Kerhuon, Jean-Michel à Carhaix, Loïc à Brest, Vincent et Julie à Morlaix, Ingrid sur la Presqu’Île, Sébastien à Guipavas, Léanie à Quimper et j’en oublie évidemment, ils m’excuseront.
Et enfin, je trouve ma sérénité dans le fait que nous dirigeons, aujourd’hui avec nos partenaires, les principales villes et intercommunalités de notre beau département, que nous dirigeons la Région, avec Loïg Chesnais-Girard, et que nous incarnons également une opposition utile et constructive face à Maël de Calan au Département.
Alors camarades, évitons les querelles stériles et créons de l’envie, faisons de la politique, proposons un vrai projet alternatif à une société qui est malade, où les gens se sentent déclassés, délaissés. Ne croyons pas que nous pouvons tout lisser, gommer les divergences idéologiques. L’idéologie n’est pas un gros mot. C’est le piège du macronisme d’avoir voulu le faire croire.
C’est d’autant plus nécessaire que le gouvernement va s’attaquer à l’assurance chômage et au système de retraites et que l’Extrême-droite est aux portes du pouvoir. Notre projet se nourrira des contributions de tous les acteurs que j’ai cités au fil de mon propos : les organisations qui composent la Gauche, leurs mouvements de jeunesse, leurs élu.e.s, mais aussi les experts, les associations et les syndicats qui partagent nos orientations.
Et pour conclure mon propos, je vais me permettre de m’adresser directement aux militants socialistes, qui sont ici majoritaires : soyons exigeants avec nous-mêmes, travaillons sans relâche, occupons le terrain des luttes partout sur le département. Finalement, soyons meilleurs que nos camarades du premier rang. Si nous y parvenons, c’est nous qu’ils suivront de nouveau et pas l’inverse. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1406 du 30 septembre 2022
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