Sans langue de bois
Christian Eckert, était à Morlaix le 4 février pour dédicacer son livre « Un ministre ne devrait pas dire ça… ». Mais après plus d’une heure de discussion, les militants sont sortis du local du PS en disant : « … mais heureusement qu’il a osé l’écrire ».
L’ancien ministre du Budget était à Morlaix le jour où son successeur à Bercy se félicitait de la réussite du prélèvement à la source. La courtoisie aurait voulu que le gouvernement actuel ne s’en attribue pas l’entière paternité. « Avec des centaines d’agents, nous avons tout de même travaillé pendant plus d’un an pour que cette réforme puisse s’appliquer dans de bonnes conditions », a rappelé Christian Eckert. Et l’ancien ministre s’est interrogé sur ce qui se serait passé si, par le plus grand des hasards, des bugs étaient apparus dans le nouveau mode de prélèvement de l’impôt ? On peut être quasiment sûr que les doigts se seraient pointés vers les vrais initiateurs de cette réforme.
Cette anecdote a évidemment orienté le débat sur la manière d’envisager et de présenter le bilan du dernier quinquennat qui, comme tout bilan, est contrasté. D’ailleurs, la chronique que livre Christian Eckert dans son ouvrage doit être portée au débat : au quotidien, à Bercy, il a vu comment la gauche, entre 2012 et 2017, a engagé des réformes courageuses, comme le rétablissement de l’ISF, notamment, et comment, sur certains dossiers, il a perdu des arbitrages. Parfois, avec Marylise Lebranchu sur la question de la réforme de la DGF (Dotation Globale de Fonctionnement). Or, cette réforme de justice fiscale était nécessaire pour corriger les inégalités entre les communes. Mais le premier ministre de l’époque, Manuel Valls, en a décidé autrement et a préféré céder aux « amicales pressions » de certains élus socialistes de l’époque, comme Olivier Dussopt.
Pour Jean-Luc Fichet, le bilan du quinquennat de François Hollande doit être plus défendu par les socialistes. Quelques exemples, en matière fiscale, cités par Christian Eckert suffisent pour s’en convaincre : rétablissement de l’impôt sur la fortune, création d’une tranche d’impôt à 45 %, alignement de la fiscalité du travail sur celle du capital et annulation de la hausse de la TVA programmée par Nicolas Sarkozy.
Pédagogue, (Christian Eckert est professeur de maths) l’ancien ministre du Budget a passé en revue les choix fiscaux pris depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron et a démontré qu’ils participent tous à renforcer l’injustice fiscale et ne profitent qu’aux plus aisés.
Article publié dans le cap Finistère n°1258 du 15 février 2019