Même le nom du parti peut faire l’objet de débats, a annoncé Olivier Faure. Justement, à l’initiative
de Pierre-Emmanuel Guigo, du CRHEC (Centre de Recherche en Histoire Européenne Comparée)
et de Fabrice Hamelin, de l’école internationale d’études politiques, s’est tenu le 10 décembre un colloque intitulé L’identité socialiste : histoire et sociologie d’une culture politique centenaire.
Àl’issue de cette journée de tables rondes et d’interventions d’historiens et de politistes, force est de constater qu’il sera tout
de même bien difficile de trouver une autre dénomination.
En effet, les racines de l’identité socialiste plongent très profondément dans l’histoire de notre pays. Et le projet émancipateur qu’elle défend, depuis le début du XIXe siècle reste totalement pertinent, même 115 ans après la création de la SFIO au Congrès du Globe et 100 ans après celui de Tours.
Cette identité s’est construite, évidemment, grâce aux figures socialistes comme Jaurès ou Blum, mais aussi à travers le regard des autres partis de gauche, des radicaux, mais surtout des communistes après le Congrès de Tours. Il fallait bien, au lendemain de la scission, faire porter le chapeau de la division à la SFIO, alors même que Léon Blum avait, dans un discours prémonitoire, annoncé toutes les dérives autoritaires du régime soviétique.
Mais, l’identité socialiste, attaquée ou malmenée, n’en reste pas moins bien vivante et tout à fait pertinente pour répondre aux enjeux du XXIe siècle. Elle repose schématiquement sur cinq principes. D’abord, l’aspiration à l’égalité qui débouche naturellement sur la volonté de promouvoir l’émancipation individuelle et collective. Cette émancipation passe par la construction d’un état social, régulateur, redistributeur et planificateur. Cet état garantit les fonctions de l’exercice de la démocratie, politique, sociale, culturelle ou citoyenne la plus exigeante possible. Enfin, ces principes ne peuvent s’inscrire qu’à l’échelle internationale.
Voilà pour le socle qui reste solide. Reste tout de même quelques ajustements à opérer, en particulier autour de la notion de progrès. Le socialisme a toujours été une vision de l’histoire et donc une confiance dans la science et le progrès. Reste à définir les critères qui permettent de classer telle ou telle invention technologique dans la catégorie du progrès. Voila un champ de réflexions qui permettra à cette identité, plus que centenaire, de s’adapter aux enjeux du XXIe siècle.
Article publié dans le Cap Finistère n°1336 du 18 décembre 2020
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