Et si on considérait les toxicomanes pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des victimes d’addictions qui méritent d’être accompagnés et soignés ? Et si on en parlait calmement, en s’appuyant sur le témoignage de quelqu’un qui est quotidiennement au contact des toxicomanes ? C’est ce qu’ont fait les adhérents de la section de Lambé-Bellevue Europe, à Brest en invitant Margaux Héliès à expliquer sa mission au CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) de manière à mieux comprendre les enjeux de l’accompagnement des toxicomanes.
Cette consommation provoque des comportements qu’on peut résumer autour des 5 C. Ils sont compulsifs, « craving » (l’envie est irrésistible) ils génèrent des pertes de contrôle, ils ont des conséquences, sanitaires et sociales et ils sont continus dans le temps.
En France, on estime le nombre de personnes consommant des drogues à 47 millions pour l’alcool, 37 millions pour le tabac, 18 millions pour le cannabis, 2,1 millions pour la cocaïne, 1,9 millions pour l’ecstasy et 700 000 pour l’héroïne.
Dans le Finistère le CAARUD assure des permanences à Brest, Quimper, Morlaix, Carhaix et Douarnenez. Sa mission consiste à accompagner les toxicomanes, « sans les juger » précise Margaux Héliès. Cette précision est d’autant plus importante que la stigmatisation des consommateurs peut les pousser à se cacher, à utiliser du matériel contaminé et donc à se mettre en danger.
« C’est pourquoi la question de la dépénalisation de l’usage doit être clairement posée » estime Margaux Héliès qui invite le PS à s’emparer de ce débat.
Compte tenu de l’ampleur des phénomènes d’addictions, quasiment chaque famille est concernée par ce sujet, qui ne peut être traité en quelques heures. En effet, les enjeux sont à la fois sanitaires et judiciaires, mais aussi politiques, géostratégiques et même philosophiques. La répression a montré ses limites. Mais faut-il pour autant abandonner la lutte contre les trafiquants ? Ne faudrait-il pas, enfin, accentuer la prévention ? Autant de questions auxquelles les socialistes doivent apporter des réponses, dans le calme et loin des passions qui prévalent dès qu’on abordent ces questions.
Article publié dans le Cap Finistère n°1409 du 21 octobre 2022
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