Sortie de crise
Quelle sortie de crise après le mouvement des gilets jaunes ? Si le flou le plus complet règne dans les rangs de la majorité, le Parti Socialiste a décidé de prendre le taureau par les cornes et d’offrir un débouché politique crédible.
« Nous avons adopté une méthode de travail qui nous permettra d’avancer des propositions et de répondre aux aspirations qui sont apparues », explique Isabelle This Saint-Jean.
Depuis le début du mouvement, et avant même les premières manifestations du 17 novembre, le Parti Socialiste demande une conférence sociale. Le président de la République a préféré la solution du Grand débat, qui a sans doute permis de mettre en avant ses qualités intellectuelles et physiques mais pas de répondre aux demandes remontant des ronds-points.
« Nous avons d’abord cherché à cerner les demandes et nous ne nous sommes pas retrouvés dans le cadre qu’a tenté d’imposer le gouvernement », précise la secrétaire nationale. Pour les socialistes les revendications tournent autour de trois enjeux : le pouvoir d’achat et la justice fiscale, les transitions écologiques et numériques, et la démocratie.
Pour réaliser le travail de propositions, le groupe peut s’appuyer sur trois pilliers. D’abord une compilation de l’ensemble des propositions déjà faites par les parlementaires depuis 2017. « En relisant les amendements ou les propositions de lois que nous avons déposé à l’Assemblée ou au Sénat, nous disposons déjà d’une base très solide car, même s’ils ne sont pas nombreux, nos député.es réalisent un énorme travail. Ensuite, nous regardons avec la plus grande attention les remontées des sections et des fédérations que nous avons sollicitées pour nous remonter ce qui est ressorti des débats. »
Les propositions du PS s’inspireront aussi des bonnes pratiques des collectivités locales, « car, si les réponses doivent être législatives, financières et budgétaires, elles doivent aussi s’inspirer de ce qu’inventent tous les jours les élus locaux », souligne Isabelle This-Saint Jean, évoquant notamment l’expérimentation du revenu de base ou les territoires zéro chômeurs.
Enfin, le Parti Socialiste a commencé à confronter ses analyses et ses propositions avec les forces vives que sont les syndicats, les ONG, les associations ou les intellectuels « qui méritent mieux que le rôle de faire-valoir que le Président leur a imposé pendant plus de 8 heures ».
Ce long travail doit permettre au Parti Socialiste d’apporter des réponses aux revendications immédiates. Mais il doit aussi montrer que, plus généralement, son projet qui combine redistribution, régulation et dialogue social est le plus pertinent pour engager les transitions énergétiques et numériques.
Article publié dans le Cap Finistère n°1264 du 29 mars 2019