Soutien de Nathalie SARRABEZOLLES aux collégiens et lycéens de Diwan
"Que des lycéens et lycéennes, collégiens et collégiennes, qui ont suivi leur scolarité en breton, se voient privés de la possibilité de passer leurs épreuves dans les conditions satisfaisantes me paraît tout à fait contraire aux principes d’équité et d’égalité.
En effet, ces jeunes se sont préparés pour leurs examens, pour l’ensemble de leurs épreuves, en breton. Refuser de les prendre en compte et de les corriger, c’est nier l’intérêt et la légitimité de leur choix, choix qui leur a été offert puisque l’enseignement en breton est une voie tout à fait reconnue dans notre système éducatif.
Par ailleurs, comment expliquer que dans le pays basque les jeunes pourraient avoir une continuité dans leur parcours scolaire qu’en Bretagne ils n’auraient pas ? Y aurait-il une hiérarchie dans les langues régionales ? Aucune citoyenne, aucun citoyen attaché aux valeurs républicaines ne saurait se satisfaire de cette rupture d’égalité. Une fois qu’un engagement est pris, telle la possibilité de suivre sa scolarité et de passer ses examens en breton, il est important de pouvoir le respecter.
Ces jeunes lycéennes et lycéens de Carhaix savaient qu’ils s’aventuraient dans une possible impasse. Mais cet acte assumé fait partie, il me semble, « des résistances honnêtes et des rébellions légitimes » évoquées par Alexis de Tocqueville. Il ne doit pas inquiéter car il s’agit d’aller dans le sens du droit, de l’histoire, dans le sens aussi d’une République égalitaire, qui reconnait la richesse de ces langues régionales.
Pour ces raisons, je joins ma voix à celles qui s’élèvent pour demander un juste traitement des copies, et donc une correction en breton, permettant ainsi de donner sens au discours quimpérois du Président de la République, qui louait « « ces fiertés qui s’additionnent (…), la synthèse du particulier qu’est l’attachement à un territoire et de l’universel qu’est l’attachement à la République » comme « l’union de la Bretagne bretonnante et de la république française dans un imaginaire heureux fait d’enracinement dans une culture ancestrale et d’attachement aux idéaux de la République portés par l’école ».
Au-delà d’une manifestation d’ouverture, il s’agirait là d’une juste reconnaissance de l’engagement des jeunes et un pas en avant dans l’affirmation de la diversité linguistique comme source d’enrichissement collectif. »
Nathalie Sarrabezolles Présidente du Conseil départemental du Finistère, le 4 juillet 2018