Sur le dos des précaires
Une semaine après avoir annoncé un acte 2 du quinquennat plus social, la réforme de l’assurance-chômage contredit scandaleusement le discours gouvernemental.
Elle contredit aussi les promesses du candidat Macron qui, le 10 décembre 2016, dans le discours qu’il a prononcé à la Porte de Versailles, déclarait : « C’est aussi pour cela que je veux que tous les cinq ans, pour éviter tout excès, tous les salariés puissent avoir le droit d’accéder à ce droit de chômage s’ils décident de démissionner ». À l’époque c’était leur projet.
Pour la première fois, une réforme de l’assurance-chômage est proposée par un gouvernement sans négociations avec les partenaires sociaux, sans passage par le Parlement pour la validation. La méthode du gouvernement change, mais en pire !
L’objectif de cette réforme est purement comptable : faire de 3 à 3,9 milliards d’euros d’économies d’ici 2022. Sur le dos des plus précaires. 230 000 personnes vont perdre leurs droits à l’indemnisation sans qu’aucun droit nouveau ne soit créé.
Cette réforme va à l’encontre de notre système d’indemnisation qui repose sur les cotisations des salariés. Il ne s’agit donc pas d’une allocation versée par l’État dont le gouvernement peut décider de baisser le montant, mais d’une assurance du salarié qu’il a lui-même financé par ses cotisations.
Actuellement, un chômeur sur deux n’est pas indemnisé, la moitié des 2,6 millions de chômeurs indemnisés touche en moyenne moins de 860 euros par mois. Il faut cesser de feindre que l’on règlera le problème en baissant toujours plus les indemnisations. Il faut au contraire rechercher des solutions pour créer de nouveaux droits, des nouveaux emplois dans un contexte de mutations du travail.
Ce qui coûte aujourd’hui à l’assurance-chômage, ce sont les contrats courts et pourtant seul un tiers d’entre eux sera visé par un malus. « Quel sens donner à un système de bonus-malus qui ne retient que quelques secteurs d’activité et exclut du dispositif, l’audiovisuel ou le BTP ? », s’est interrogé Olivier Faure. Et pourtant, les CDD et l’intérim coûtent chaque année plus de 7 milliards à l’UNEDIC.
« Si le gouvernement pense que le bonus-malus est un bon système, pourquoi ne pas l’appliquer à toutes les entreprises ? Pourquoi exempter les employeurs publics, qui abusent très largement de la précarité ? », s’est, de son côté, interrogée Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT.
Dans un communiqué publié le 19 juin, Stéphane Troussel, secrétaire national aux Nouvelles Solidarités, Parcours de vie et Innovation sociale, a annoncé que « le Parti Socialiste se joindra aux mobilisations des salariés et de leurs organisations pour dénoncer cette nouvelle régression qui porte atteinte au modèle social français ».
Article publié dans le Cap Finistère n°1275 du 28 juin 2019