Tout ça pour ça ?
« J’ai décidé, j’ai écarté, je veux, je ne veux plus, je suis, j’ai dit, je crois, je n’accepte pas, j’ai chargé le gouvernement, j’envisage, je réfléchis, je, je, je : 90 minutes sur lui-même, une minute pour le climat. De ce point de vue, rien n’a changé. » En un tweet, Raphaël Glucksmann a résumé la prestation d’Emmanuel Macron, à l’issue du Grand débat.
Alors qu’Emmanuel Macron avait promis des réponses fortes à la crise des gilets jaunes et au Grand débat, le discours du président de la République du 25 avril n’était pas à la hauteur des enjeux, ont constaté les députés socialistes qui ont pointé toutes les ambiguïtés de ses annonces.
En effet, le président de la République n’a annoncé aucune revalorisation du plan pauvreté ou des APL et les allocations familiales resteront sous-indexées… La pauvreté, grande oubliée du Grand débat, l’est aussi du discours présidentiel.
« Il évoque une réindexation des retraites inférieures à 2 000 euros en 2020 ? Mais le Président annonce une mesure qui existe déjà puisque les députés socialistes et apparentés ont obtenu, en décembre 2018, que toutes les pensions soient réindexées par leur recours au Conseil constitutionnel sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale ! », a rappelé Valérie Rabault.
Mais la présidente du groupe à l’Assemblée a cité bien d’autres exemples. « Il promet 5 milliards d’euros de baisse d’impôts sur les classes moyennes ? Mais sous le précédent quinquennat, ce sont 6,3 milliards d’euros de baisse d’impôts qui ont été votées pour 12 millions de foyers ! »
Emmanuel Macron évoque une retraite minimale de 1 000 euros pour ceux qui ont cotisé ? On ne peut que s’en féliciter. Mais alors pourquoi avoir refusé l’augmentation des retraites agricoles à 85 % du SMIC (1 085 euros), votée en février 2017 par l’Assemblée nationale, en empêchant le Sénat de la voter ?
Une maison “ France services ” par canton ? Là encore on ne peut que soutenir cette ambition. Mais il y avait en février 2019, 1 676 maisons de services au public ouvertes ou en cours d’ouverture. La plupart entre 2012 et 2017, ce qui signifie que 80 % de l’effort a déjà été fait par la majorité précédente !
Le président de la République semble avoir découvert les difficultés que vivent les mères célibataires et il souhaite garantir les pensions alimentaires. Comme si avant lui personne n’en avait conscience. Mais la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes du 4 août 2014 avait déjà créé la garantie contre les impayés de pensions alimentaires !
« Le bilan est sévère pour le Président : alors que beaucoup de points restent flous, ce qui a été annoncé n’est pas de nature à répondre à ce qu’attendent les Français » sont obligés de constater les députés socialistes.
article publié dans le Cap Finistère n°1268 du 3 mai 2019