« Vivrons-nous mieux ensemble demain avec cette loi ? » Voilà la question que les députés socialistes se sont posés avant de décider de s’abstenir sur le projet de loi confortant le respect desprincipes de la République.
« Nous permettra- t-elle de surmonter cette fracture : le repli des uns et l’entre-soi des autres ? Permettra-t-elle de tenir cet équilibre exigeant qui est celui de la “ République jusqu’au bout ” pour reprendre la formule du grand Jaurès, de l’ordre républicain d’un côté et de la promesse républicaine de l’autre ? Il est permis
d’en douter », a déploré Boris Vallaud.
Les Socialistes sont profondément attachés au respect des principes de la République, au respect et à la protection contre les attaques dont ils sont les objets, celles et ceux, femmes et hommes, fonctionnaires de polices et de gendarmeries, militaires, enseignants, personnels soignants. D’une manière générale, toutes celles et tous ceux qui ont choisi le service de l’intérêt général, qui le servent avec fierté. « Nous sommes attachés à la dignité humaine, contre toutes les pratiques indignes et avilissantes, en particulier contre les femmes », a rappelé Boris Vallaud, faisant référence aux mesures visant à interdire les certificats de virginité, la polygamie ou les mariages forcés.
C’est la raison pour laquelle les députés socialistes ont soutenu plusieurs dispositions de ce texte, notamment sur le renforcement des obligations de neutralité de toutes les personnes qui contribuent à l’exécution d’une mission de service public ou sur la protection fonctionnelle des agents publics.
Sans vouloir faire de procès
Boris Vallaud ou « la promesse républicaine »
d’intention, les députés socialistes doutent fortement des effets de cette loi. La majorité présidentielle a voulu faire de la politique et envoyer des signaux à l’Extrême-droite. Mais, pour ce faire, elle a pris de sérieux risques juridiques. Une seule certitude, la liberté d’association ne sort pas renforcée de cette loi.
« Mais, nous déplorons par-dessus tout que vous ayez réduit la République à des règles, des interdictions, des motifs d’ordre public et que vous n’ayez pas fait le choix de faire vivre au quotidien les principes de la République », a insisté Boris Vallaud. « Avec ce débat vous aurez offert l’occasion à la Droite de parler du voile, de la théorie du genre, de l’écriture inclusive, d’islamo-gauchisme à l’université et j’en passe. Ce texte ne nous aura en revanche pas permis de parler de discrimination qui frappe tant de nos concitoyens, de racisme qui blesse, d’intégration que chacun espère pour lui-même ou pour ses enfants, de politique du logement alors que des centaines de maires violent la loi SRU depuis vingt ans, de ghettoïsation, de mixité sociale à l’école alors que grandir ensemble c’est aussi vivre ensemble, d’accès au service public, d’égalité, de justice... C’est pourtant là aussi que se niche le grand chantier du séparatisme, dans ces promesses non tenues de la République. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1344 du 26 février 2021
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