Trop tard, trop peu, trop injuste
Où est la relance ? C’est la question que les parlementaires socialistes se sont posé en découvrant le projet de budget 2021 présenté par le gouvernement, à la fin du mois de septembre.
« À l’image du plan de relance qu’il a vocation à mettre en oeuvre, ce budget ne répond pas à l’urgence de la crise, ni ne prépare l’avenir, contrairement à ce qu’affirme le ministre de l’Économie et des Finances », ont résumé les députés du Groupe socialistes et apparentés.
L’effort budgétaire est nettement insuffisant : seulement 35 (dont 10 milliards d’euros provenant du plan de relance européen) des 100 milliards d’euros annoncés sont inclus dans le budget 2021. Or, compte tenu de l’ampleur de la crise, pour la relance, il faut un choc de confiance. Il aurait fallu engager au moins le double de crédits budgétaires pour encourager une mobilisation de l’épargne de précaution des Français et redresser la confiance des entreprises.
Ses mesures arrivent bien trop tard. La plupart seront mises en oeuvre en 2021, quand il aurait fallu agir dès le début de l’été 2020, comme l’a fait l’Allemagne et comme les parlementaires socialistes l’avaient demandé, dès le 9 juin, en présentant leur projet de plan de relance. « En prenant son temps, le gouvernement a fait perdre du temps à la France et aux Français », résume Valérie Rabault, présidente du groupe à l’Assemblée.
Ce projet de budget est injuste. Il oublie les Français les plus pauvres en ne prévoyant aucune mesure pour soutenir leur pouvoir d’achat, alors que beaucoup ont connu des baisses de revenus. Mais il oublie également les Français les plus aisés, à qui il ne sera demandé aucune contribution supplémentaire.
Le gouvernement fait le choix de financer son plan de relance exclusivement par la dette, porte ouverte à de futurs efforts demandés à tous les Français. Les socialistes, au contraire, proposent le rétablissement d’un impôt sur la fortune, le relèvement de la fiscalité sur les revenus du capital et une réforme de l’impôt sur les successions.
Ils dénoncent également la nouvelle baisse du nombre de fonctionnaires, ainsi que la suppression, sans contrepartie et sans ciblage sur les entreprises qui en ont le plus besoin, de 10 milliards d’euros d’impôts dits de production, mesure qui n’aura aucun impact à court terme. « La priorité doit être donnée à la lutte contre le chômage et à la transition écologique », insistent les parlementaires socialistes qui précisent : « Nous continuerons à défendre, lors des débats parlementaires, le conditionnement des aides de l’État à un comportement éthique des grandes entreprises comme le non-versement de dividendes, le respect des enjeux environnementaux ou l’absence d’activités dans un paradis fiscal… ».
Article publié dans le Cap Finistère n°1327 du 9 octobre 2020