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mercredi 25 décembre
UE : une réponse a minima
 S’il y a bien un moment où la solidarité européenne aurait dû s’exercer, c’était bien à l’occasion de la crise du Covid 19 qui a obligé des millions d’Européens à se confiner et des milliers d’entreprises à cesser leur activité. Et pourtant, c’est une réponse à minima qu’a apporté la commission. Face à la gravité de cette crise le député européen Eric Andrieu appelle à accélérer la transition écologique et à ne surtout pas nous satisfaire de réponse à court terme.
 
Cap Finistère : En évoquant la mémoire d’Henri Weber tu as utilisé l’image de la boussole. Quel message retiens-tu de lui ? 
Eric Andrieu : J’ai suivi son parcours et son évolution au sein de la gauche et du PS, passant de la rupture au réformisme. Il était effectivement une sorte de phare dans la tempête.
J’ai aussi eu la chance de le côtoyer pendant deux ans au parlement européen entre 2012 et 2014 et j’ai beaucoup apprécié de pouvoir siéger à ses côtés. Ce que je retiens de ses interventions et de nos conversations c’est la notion de « juste échange. » Nous devons poursuivre cette réflexion qui consiste à dire : nous, sociaux-démocrates, ne sommes pas des protectionnistes qui défendent le repli sur soi. Mais nous ne sommes pas non plus des libéraux qui croient à la main invisible du marché. Le juste échange est, plus que jamais, un élément matriciel de la pensée sociale-démocrate.
Cap Finistère : Surtout à un moment où l’Europe signe un traité de libre-échange avec le Mexique….
Eric Andieu : Exactement ! Cette commission est tout de même indécrottable. Même au plus fort d’une crise qui touche le monde entier et qui a des répercussions sur l’ensemble de nos économies, elle veut signer un accord avec un pays tiers. Pour évoquer l’aspect agricole que je connais bien, cela se traduirait par l’arrivée de 20 000 tonnes de viande bovine au moment même où cette filière est en pleine crise en Europe. C’est affligeant mais nous savons bien que le Commissaire Hogan est un véritable libéral...
Cap Finistère : Quelles étaient les propositions des socialistes européens pour le conseil du 23 avril ? Avez-vous été entendu ? 
Eric Andrieu : Pour l’instant, la proposition, émise par l’Espagne, de mutualisation de la dette et de dette perpétuelle, que nous soutenions, n’a pas été entendue par les autres états membres, mais il ne faut pas lâcher. 
La question de l’augmentation des ressources propres de l’Union est bien sûr posée. Il faut rester prudent, mais, à ce stade, il semblerait qu’aucun état n’a rejeté la perspective de voir la part des ressources propres passer de 1,2 à 2% du PIB. Ça peut paraitre anecdotique mais c’est déjà beaucoup. Reste maintenant à trouver le panier de ressources qui permettrait à l’UE de disposer de ces fonds propres. Plusieurs propositions sont sur la tables. Nous défendons l’idée d’une taxe sur les hauts-revenus et les hauts revenus du patrimoine mais d’autres propositions sont avancées comme une taxe sur le plastique, les émissions de gaz, une taxe sur les transactions financières ou les bénéfices des multinationales.
L’euro-groupe et le conseil ont validé les 540 milliards d’euros à travers le MES ( Mécanisme européen de stabilité ) pour répondre à la crise même si nous savons déjà que ça sera insuffisant et nous devons maintenant obtenir que ces aides ne soient pas conditionnées comme le voudraient certains Etats.
Le programme SURE ( Attenuation des risques de chômage en situation d’urgence) , porté par le commissaire à l’emploi Nicolas Schmit (S&D), doit être salué. Il est conçu pour aider à protéger les emplois et les travailleurs touchés par la pandémie du coronavirus. Il fournira une assistance financière allant jusqu’a 100 milliards d’euros et qui prendra la forme de prêts octroyés par l’Union Européenne aux Etats Membres à des conditions favorables. Nous avons par ailleurs décidés d’un programme d’un montant de 37 milliards d’euros pour permettre de protéger les trésoreries des TPE PME, de participer au programme SURE et aux achats de matériels médicaux comme les masques.
 
Cap Finistère : En Europe, comme en France on sent, à l’occasion de cette crise, une volonté de revenir sur les normes environnementales. Quelles leçons l’Europe doit-elle tirer pour sa politique agricole ? 
Eric Andrieu : La leçon à tirer est qu’il faut accélérer et atteindre encore plus rapidement les objectifs du green deal et non, comme on l’entend un peu partout dans les voix des conservateurs et des libéraux, revenir sur les normes environnementales. Il y a toujours chez les libéraux la tentation d’apporter des réponses à court terme. Mais, compte tenu des raisons profondes de cette crise, liée notamment à la baisse de la biodiversité, il faut, plus que jamais, raisonner à moyen et long terme. Et ça passe notamment par la réhabilitation de l’agriculture et de l’alimentation comme un secteur stratégique qui préserve à la fois la santé animale et la santé humaine. Cela implique des changements de production et de consommations mais aussi de répartition des richesses. Lorsque l’agriculture utilise beaucoup d’engrais ou de pesticides, ça enrichit avant tout les fabricants d’engrais et de pesticides, pas les paysans. En développant un autre modèle agricole, on replace l’agriculteur au centre du projet politique. Mais cela implique aussi que le consommateur cesse de vouloir toutes sortes de fruits et légumes à longueur d’année et respecte un peu plus les saisons...
 
 



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