Il n’est évidemment pas question d’un état de grâce pour Emmanuel Macron, réélu le 24 avril. C’est ce que lui ont signifié les manifestants qui, dans le Finistère, sont descendus dans les rues de Brest, Quimper, Morlaix, Quimperlé, Pont- l’Abbé, Châteaulin et Carhaix, le 1er mai à l’appel de l’intersyndicale (CGT, CNT, FSU, UNSA et Sud/Solidaires).
« L’Extrême-droite a été battue dimanche dernier et c’est une bonne nouvelle pour la démocratie et pour nos libertés individuelles et collectives. Pour autant, son score ainsi que sa progression par rapport au scrutin de 2017, sont sans équivoque », ont regretté les porte-
paroles de l’intersyndicale.
« C’est là le signe d’une profonde fracture de la société, d’un désarroi et d’une grande colère de nombreux citoyen.ne.s confrontés à l’injustice sociale, à la précarité et à la misère. Les élections ont aussi à nouveau été l’occasion pour l’Extrême- droite d’instrumentaliser la peur du déclassement social, de la précarité et de la pauvreté, au point qu’une partie de la population a été séduite par ses fausses mesures sociales. »
« La retraite à 65 ans est rejetée par près de 70 % de la population. »
Élu en 2017 sur la promesse de contenir la poussée de l’Extrême- droite, Emmanuel Macron porte, avec le patronat, une lourde responsabilité dans la situation que connaît notre pays : deux candidats d’Extrême-
Plus de 3 000 manifestants dans le Finistère
droite au lieu d’une et une nouvelle progression de l’abstention.
Or son projet électoral entend bien accélérer des politiques produisant ressentiment et désespérance sociale, aggravant les inégalités, divisant la société. « L’intention affirmée par Emmanuel Macron, pendant la campagne, de continuer sa politique de casse des solidarités en remettant en cause les retraites et les services publics, en prévoyant d’accélérer la fragilisation du service public d’éducation et du statut de ses personnels, en liant l’obtention du RSA à du travail gratuit sont inacceptables. Nous combattrons pied à pied leur mise en œuvre », ont prévenu les porte- paroles de l’intersyndicale.
« Nos organisations sauront rapidement rappeler au Président et à son nouveau gouvernement qu’il existe une opposition majoritaire à ses projets notamment d’allongement de l’âge de la retraite à 65 ans rejeté par près de 70% de la population. Travailler plus longtemps, c’est vivre moins bien et moins longtemps. »
L’accroissement des inégalités n’est plus supportable. « Pendant que la majorité de celles et ceux qui ont...
fait fonctionner le pays pendant ces deux ans de crise sanitaire continuent à avoir des salaires de misère et ne peuvent plus faire face aux prix qui s’envolent, la fortune des milliardaires a augmenté de 86 %, depuis le début de la pandémie. Les 1% les plus riches ont vu leur niveau de vie augmenter de 2,8 % en moyenne. 69,4 milliards d’euros de dividendes ont été reversés aux
actionnaires de CAC40 en 2021. L’argent continue donc de couler à flot pour les nantis qui ne connaissent pas la crise. »
Enfin, l’intersyndicale a dénoncé « ces entreprises qui font des bénéfices et qui, malgré tout, osent licencier parce que c’est la bourse qui gouvernerait. Nous refusons ces licenciements, nous voulons des lois qui protègent les salarié.e.s, pas les actionnaires ».
Naturellement, de par sa dimension internationaliste, le 1er mai 2022 était aussi dédié au peuple ukrainien, sous les bombes de l’armée de Poutine, mais aussi aux opposants et aux pacifistes russes qui risquent leur liberté en dénonçant cette guerre.
Article publié dans le Cap Finistère n° 1392 du 6 mai 2022
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