Un clivage toujours bien vivant
S’il y a bien un enseignement à tirer des débats des Municipales, c’est que le clivage gauche/droite est encore puissant. Il suffit pour s’en convaincre de regarder le bilan des équipes sortantes à Morlaix, Douarnenez ou Quimper, ou les arguments des listes d’opposition à Brest ou Plouzané.
Pour sa part, le Parti Socialiste a proposé à ses candidats une série de propositions, sorte de boîte à outils, pour aider ses candidats.
Qu’il s’agisse de Morlaix ou de Quimper, le mandat qui s’achève montre bien que la démocratie participative ne fait pas partie de l’ADN des élus de droite puisque les équipes de gauche vont être obligées de tout reprendre à zéro tant les mandats qui terminent ont été affligeants dans ce domaine.
L’épisode du débat entre les candidats quimpérois sur Tébéo en dit long sur la conception de la démocratie et de la liberté de la presse selon Ludovic Jolivet : le maire candidat s’est octroyé le droit de choisir les animateurs du débat.
À Brest, la manière dont Bernadette Malgorn a élaboré sa liste et les propos qu’elle tient, laisse entrevoir, en cas de victoire, une gestion très autoritaire de la ville.
Les listes de gauche, au contraire, défendent une démocratie participative ambitieuse, passant, notamment, par la mise en place de budgets participatifs, selon des modalités à définir localement. Brest, qui en est à sa deuxième édition, pourra aller plus loin que certaines communes qui n’ont même jamais envisagé de permettre aux citoyens de défendre des projets.
La plateforme élaborée par le PS, dans le Finistère, propose également d’instaurer un droit d’adresse citoyen en Conseil municipal.
Police municipale et vidéo surveillance. Voilà la panacée pour les listes de droite en matière de tranquillité publique, alors même que personne n’a encore été capable de démonter que les caméras puissent empêcher les délits.
Toujours dans la caricature, les candidats de droite se raccrochent au lieu commun éculé de la gauche laxiste. Mais il suffit de regarder l’évolution de la délinquance à Brest, Quimper ou Vannes pour constater que les formules toutes faites et les coups de mentons ont bien peu d’effets sur les délinquants.
« La lutte contre la délinquance doit rester une prérogative de l’État », rappelle, à chacune de ses réunions publiques, François Cuillandre. « Les collectivités locales, cependant, ont un rôle à jouer en matière de prévention et de soutien à la police, notamment en lui offrant des locaux adaptés à ses missions. »
En matière de logement, les Finistériens attendent des actions volontaristes de la part des collectivités, pour rénover le parc HLM mais aussi pour construire de nouveaux immeubles adaptés à leurs attentes. À Morlaix, Jean-Paul Vermot s’engage à développer de nouvelles formes d’habitat collectif ou partagé pour nos aînés. Dans cette ville qui compte 1 400 logements vides, dont 500 en centre ville, la collectivité interviendra via une société publique pour racheter et réhabiliter ces immeubles.
La transition écologique passe par de nouveaux comportements, et par une réduction de l’usage de la voiture individuelle en centre-ville. Il suffit d’arpenter les rues de Morlaix ou de Quimper, et d’écouter les discours de leurs maires, pour s’apercevoir que le tout voiture a encore de beaux jours devant lui s’ils venaient à être ré-élus.
Au contraire, les candidat.es de gauche mettent l’accent sur le développement des transports en commun, comme à Brest avec une deuxième ligne de tramway allant de la gare à l’hôpital, en passant par les facs, ou la création de pistes cyclables comme à Quimper. La liste Morlaix ensemble propose de mettre en place des navettes électriques gratuites pour relier le centre-ville aux quartiers.
La plateforme programmatique du PS propose d’instaurer des COP26 territoriales de manière à associer et entraîner l’ensemble des forces vives à prendre des mesures concrètes pour limiter leur empreinte carbone. Elle propose également d’organiser, chaque année, un débat d’orientation écologique à l’image des débats d’orientation budgétaire.
Les votes des 15 et 22 mars engageront l’avenir de nos communes pour au moins six ans. Les choix qui seront faits seront déterminants pour la vie quotidienne des Finistériennes et des Finistériens en matière de logement, de déplacement, d’éducation ou de culture.
Article publié dans le Cap Finistère n°1303 du 13 mars 2020