Un emploi vert pour tous ! a pour objectif de conjurer le chômage de masse et de réussir la reconstruction écologique. « Cette initiative s’appuie sur la proposition de deux laboratoires d’idées, “Hémisphère gauche” (https:// hemispheregauche.fr) et “L’Institut Rousseau”, (https://www.institut- rousseau.fr) d’instaurer une garantie à l’emploi vert, inspirée notamment de l’expérimentation Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée », nous expliquent Alexandre Ouizille, porte- parole de la campagne, et Adrien Madec, responsable de la publication.
Cap Finistère : Comment est née l’idée de Un emploi vert pour tous ?
Nous sommes un certain nombre à penser, qu’en France, le rapport de la Gauche au travail a évolué lorsque le débat sur le revenu universel a pris de l’ampleur. Or, il nous semble qu’il s’agit là d’une sorte d’abandon de la lutte pour le plein-emploi.
Les Think tank, Hémisphère gauche et L’Institut Rousseau, ont décidé de travailler sur ce sujet, de manière à ramener dans le débat politique la question de la lutte contre le chômage de masse de longue durée.
Nous nous sommes inspirés des travaux de l’économiste américain Hyman Minsky. Car, de l’autre côté de l’Atlantique, le combat contre le chômage de masse mobilise les intellectuels. Hyman Minsky est l’un des principaux promoteurs de « la garantie à l’emploi » et du concept de l’État employeur en dernier ressort. Le principe central de cette politique est que, puisque le droit au travail est proclamé, la puissance publique agit de manière volontariste pour fournir un emploi à tous ceux qui sont prêts à travailler au salaire minimum, et éventuellement au- delà, en fonction des qualifications requises pour les emplois proposés. L’objectif pour la société est d’arriver à une meilleure utilisation des capacités productives existantes.
Nous avons aussi longuement échangé avec Laurent Grandguillaume, président de l’association Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD) qui vise aussi, à trouver des emplois en partant des demandes des territoires. Et ce combat contre le chômage de longue durée s’inscrit dans un contexte de transition écologique.
À partir de ces éléments, nous faisons la proposition de créer un million d’emplois verts pour réussir la transition écologique.
Cap Finistère : Dans quels secteurs pourraient être créés ces emplois ?
La liste des métiers ouverts à ce dispositif n’est pas encore établie définitivement. Nous ne voulons pas l’imposer.
Elle sera construite avec l’État et les partenaires sociaux qui définiront ce que sera un
emploi vert.
Ensuite, les comités locaux de l’emploi choisiront, dans cette liste, les métiers qui répondront le mieux à leurs besoins. À titre indicatif, nous pouvons tout de même annoncer que les emplois verts tourneront autour de l’économie circulaire et donc de la réparation ou du retraitement des objets, du bâtiment avec la rénovation thermique ou la fabrication d’éco-matériaux ou de la navigation fluviale.
Notre projet repose sur trois piliers. La généralisation des Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée ou plutôt la possibilité, pour chaque territoire qui le souhaite, de s’inscrire dans cette démarche. Nous évaluons à environ 600 000 le nombre d’emplois qui pourraient ainsi être créés.
Ensuite, une insertion par l’économie et enfin des contrats verts, nouveaux contrats aidés, gérés par les collectivités locales pour les personnes les plus éloignées de l’emploi.
Cap Finistère : Pourquoi avez-vous lancé une campagne de pétition auprès des élus ?
Nous savons que ce n’est pas dans les bureaux de Bercy, mais dans les territoires que seront créés les emplois. Or, qui mieux que les élu.es, connaissent les besoins spécifiques de chaque bassin d’emploi. Nous pensons qu’il faut donner aux élus locaux les moyens de lutter contre le chômage et que ça passe, notamment par des comités locaux de l’emploi, dans lesquels ils siégeraient aux côtés de responsables associatifs et économiques. Nous avons vraiment la conviction que l’impulsion doit partir des territoires. Pour l’instant, nous avons de bons retours de notre campagne de pétition même si nous devons parfois nous battre contre le fatalisme qui voudrait qu’on ne puisse rien faire contre le chômage de masse de longue durée. Il est vrai que depuis les années 80, le taux de chômage n’est quasiment jamais descendu au-dessous de 8 % de la population active. Cependant, le prix financier, économique, social et humain du chômage est tel que nous ne pouvons pas nous résigner.
En savoir plus :
https://www.emploivertpourtous.fr
Article publié dans le Cap Finistère n°1346 du 12 mars 2021
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