Un investissement essentiel
« Lutter contre la pauvreté ne représente pas un coût. Il s’agit d’un investissement, un investissement humain, durable et essentiel », a insisté Nathalie Sarrabezolles dans son discours d’ouverture de la session plénière du Conseil départemental, du 20 juin dernier.
C’est en effet à l’occasion de cette session qu’ont été présentés des travaux de la mission relative à la stratégie départementale de lutte contre la pauvreté.
La stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté a été présentée en septembre 2018. Le Département a décidé, lors de sa séance du 20 décembre 2018, de mettre en place une mission d’étude, conduite par Marc Labbey, président de la Commission des solidarités, associant l’ensemble des groupes politiques de l’Assemblée départementale.
En effet, la stratégie nationale pointait des améliorations nécessaires dans la mise en oeuvre des politiques sociales, notamment pour l’accompagnement de la Petite enfance, la protection de l’enfance, l’insertion, la gestion du Revenu de Solidarité Active et la rénovation du travail social qui sont des compétences des Départements.
« C’est bien l’image de la pauvreté qu’il faut changer. »
Pour Nathalie Sarrabezolles, il faut prendre conscience de l’ampleur et de la réalité de la pauvreté dans notre pays : 14 % des Françaises et des Français vivent sous le seuil de pauvreté et plus de 35 % d’entre eux ont moins de 20 ans. Sans les transferts sociaux, ce taux atteindrait 22 %. Le RSA s’élève à 500 euros. Le seuil de pauvreté est fixé à 1 000 euros et la plupart des experts s’accordent pour estimer à 1 500 euros le niveau au dessus duquel une personne seule peut vivre sans carence majeure.
C’est donc bien l’image de la pauvreté qu’il faut changer pour tordre le cou aux clichés trop souvent véhiculés.
C’est d’ailleurs l’une des conclusions à laquelle est arrivée la mission d’étude : « Il faut changer l’image de la pauvreté et faciliter l’accès aux droits des usagers à travers une communication départementale adaptée, en associant davantage les usagers aux politiques départementales les concernant, de lutte contre la pauvreté et en créant “ un observatoire de la pauvreté ” en Finistère ».
La mission considère également qu’il faut rompre avec les situations de pauvreté dès le plus jeune âge.
L’accès à la santé, au logement et à la mobilité sont souvent des freins pour l’inclusion et le retour à l’emploi : le suivi santé des allocataires sera notamment une priorité à mettre en oeuvre. La réflexion sur le revenu de base sera également poursuivie en lien avec d’autres Départements.
Enfin, il est ressorti des travaux de la mission qu’il est indispensable d’améliorer le repérage des situations de précarité, de proposer la mise en oeuvre d’un.e référent.e unique du parcours et de renforcer la présence des travailleurs sociaux auprès de différents publics.
3h00 de Paris : le Finistère ne lâche pas l’affaire
Comme elle l’avait annoncé, Nathalie Sarrabezolles a proposé au Conseil départemental de participer au financement de l’obligation de service public pour la ligne aérienne Quimper-Orly. Ainsi, le Finistère s’associe aux engagements globaux du Pacte d’accessibilité et permettra de ne pas arrêter sèchement la ligne aérienne entre la Cornouaille et Paris. L’Assemblée départementale a donné son accord de principe pour financer l’obligation de service public dans les quatre ans à venir. Au terme de cette période, une évaluation devra être faite sur le fonctionnement de cette ligne.
Toutefois, la présidente du Conseil départemental a rappelé, avec force, que l’amélioration des dessertes ferroviaires pour Quimper et Brest, figure elle aussi dans le pacte d’accessibilité.
Car « nous ne pouvons que constater hélas que nous nous retrouvons quasiment au même point que le 2 février 2018, quand nous nous levions toutes et tous face aux conclusions du rapport Duron ». À cette occasion une motion avait été adoptée à l’unanimité par le Conseil départemental et l’ensemble des élu. es s’était rendu à Paris pour défendre l’accessibilité du Finistère.
Malgré les annonces du premier ministre et de la ministre des Transports, aucune programmation n’est annoncée. Pire : là où les sénateurs et sénatrices avaient demandé cette nécessaire clarification des engagements financiers sur les infrastructures de transports, les député.e.s sont repassé.e.s pour la retirer. « S’il ne s’agit donc pas d’un acte manqué au sens psychologique du terme, il s’agit pourtant d’un acte manqué au sens politique », a commenté la présidente du Conseil départemental.
Certes, il y a un pacte d’accessibilité signé. Les intentions, c’est bien. Inscrire dans le marbre les objectifs à court, moyen et long terme, afin de prévoir les inscriptions budgétaires, c’est mieux encore. Pour le moment, malheureusement, rien de concret, donc, concernant le sujet ferroviaire, qui est, pour nous en Finistère, au centre des préoccupations.
Article publié dans le Cap Finistère n°1275 du 28 juin 2019