Les débats préparatoires aux congrès constituent un excellent baromètre pour connaître l’état d’esprit des socialistes.
En quelques jours ceux du Finistère ont accueilli les deux premiers signataires des textes d’orientation
(TO) pour le 79e congrès du PS : Olivier Faure pour le TO B, le jeudi 2 septembre, à l’Assemblée générale qui s’est tenue à Quimper et Hélène Geoffroy, le dimanche 5 septembre, au barbecue de rentrée des sections brestoises pour le TO A.
Olivier Faure à Quimper
Dans les jours qui ont précédé le vote du 9 septembre, les adhérents ont pu échanger avec les mandataires des deux textes d’orientation, Laurent Péron pour le TO A et Tristan Foveau pour le TO B à Brest, Quimper, Pouldreuzic, Sainte- Sève et au Relecq-Kerhuon mais aussi en visioconférence.
Le congrès est, pour le Parti Socialiste, un « moment solennel » qui permet de définir la ligne politique et de désigner les dirigeants qui l’incarneront. Mais il est aussi une occasion, pour les adhérents de prendre la parole et de rappeler leurs priorités.
La perspective de l’élection présidentielle était évidemment présente dans tous les esprits. Pour Olivier Faure, rien n’est joué. « Tous les sondages, neuf mois avant le premier tour, se sont trompés. C’est une constante de la Ve République. Ça devait être Chaban, ce fut Giscard. Ça devait être Giscard, ce fut Mitterrand. Ça devait être Barre et ce fut à nouveau Mitterrand. Ça devait être Balladur et ce fut Chirac. Ça devait être Jospin et parce que Le Pen fut au second tour, ce fut à nouveau Chirac etc. Et il y a cinq ans, Juppé ou Fillon étaient donnés vainqueurs. »
L’élection se jouera au début de l’année 2022. C’est entre le mois de
janvier et le mois de février que les dynamiques s’enclencheront.
« Nos relations avec nos partenaires, et en particulier EELV, ont fait l’objet de nombreuses interventions, dans les fédérations dans lesquelles je me suis rendue », a noté Hélène Geoffroy. Fallait- il, aux Européennes de 2019, laisser la tête de liste à Raphaël Glucksmann ? Pour voir ensuite des candidats de Place publique se présenter contre des socialistes ?
Cependant, depuis 2017, les rapports de force au sein de la Gauche ont évolué. « Aux débuts, la France Insoumise était la principale formation de Gauche. Puis, EELV lui a ravi cette première place. Mais depuis les Municipales et encore plus les Régionales et les Départementales, les socialistes sont redevenus la principale force de Gauche autour de laquelle doit s’organiser le rassemblement », a rappelé Olivier Faure.
« La question de l’union de la Gauche et des écologistes a été au cœur du débat. »
« Nous sommes écologistes, nous ne sommes pas Verts », a résumé le Premier secrétaire. « Nous n’oublions jamais la dimension sociale des réponses que nous devons apporter pour engager les transitions énergétiques », a complété Hélène Geoffroy. « D’accord pour créer une Zone à Faible Émission (ZFE) dans la métropole lyonnaise. Mais avec quel accompagnement pour les personnes qui n’ont pas les moyens d’acheter des voitures “propres” ? »
Sur les questions énergétiques aussi, les socialistes doivent avancer des propositions crédibles et ambitieuses en sachant qu’en la matière, il faut toujours faire des choix car aucune source d’énergie n’est parfaite.
Le congrès est aussi l’occasion pour les socialistes, de reposer la question de leur identité. Car, si les fondamentaux restent toujours les mêmes (justice sociale, égalité, émancipation...), les modes de production évoluent. Comment la social-démocratie peut-elle apporter des réponses à des travailleurs confrontés à l’ubérisation du travail ? Comment un modèle fondé dans un contexte de plein emploi, avec des salariés en CDI, peut-il évoluer pour apporter de nouvelles protections ?
Sur les retraites ou la réduction du temps de travail, les Français attendent des propositions précises. Pour Laurent Péron et Tristan Foveau, le PS doit préciser ces propositions car cette question doit être au cœur du débat présidentiel. Faut-il aller vers la semaine de 4 jours ou les 32 heures ? « La France est l’un des pays où les salariés travaillent le plus mais où l’emploi est mal réparti », a rappelé Tristan Foveau.
Pour Hélène Geoffroy, le projet que défendront les socialistes doit être affiné mais surtout co-construit avec les adhérents, de manière à ce qu’ils se l’approprient et puissent plus facilement en défendre les principales propositions pendant la campagne.
Le PS reste le parti de l’école, de l’éducation et de l’émancipation, comme l’ont souligné plusieurs intervenants à l’Assemblée générale de Quimper. Nos électrices et nos électeurs nous attendent sur ces questions, en particulier après ce quinquennat qui a permis à Jean-Michel Blanquer de casser méthodiquement tout ce que la Gauche avait pu mettre en place pour faire progresser l’égalité.
Les débats autour du congrès redonnent aussi de la vitalité aux adhérents. « En parcourant les fédérations, j’ai pu mesurer à la fois la force de notre parti mais aussi sa diversité », a résumé Hélène Geoffroy à Brest. Pour repartir de l’avant, le PS devra très rapidement apporter des réponses à deux questions : comment attirer des jeunes, qui s’engagent, mais en dehors des partis ? Et comment reprendre contact avec des militants qui se sont éloignés de lui ?
Ce congrès a permis de mettre en évidence la cohérence de la famille socialiste qui reste l’une des seules à pouvoir organiser un congrès sans se déchirer.
Article publié dans le Cap Finistère n°1365 du 10 septembre 2021
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