La séance d’installation du Conseil départemental, le 1er juillet a permis de mesurer la détermination des élu-es de gauche pour le mandat qui débute. Mais pas de percevoir où le nouveau président, Maël de Calan, veut amener le Finistère. Compte tenu des résultats, au soir du 27 juin, Maël De Calan a logiquement été élu président du Conseil départemental. Le groupe Finistère et Solidaire a présenté contre lui la candidature de Kévin Faure, élu de Brest 1. Philippe Guillemot (Carhaix) pour les Régionalistes et Ismaël Dupont (Morlaix) pour les Communistes ont clairement appelé à voter pour lui. L’intervention de Pauline Louis-Joseph-Dogué (Brest 2) au nom du pôle écologiste a été moins nette. C’est donc sans surprise que le vote s’est traduit par 28 voix pour Maël De Calan, 24 pour Kevin Faure et 2 bulletins blancs. Le conseiller départemental de Brest 1 a, au nom du groupe Finistère et solidaires, tiré deux enseignements des scrutins des 20 et 27 juin. Le premier concerne l’abstention. « La réalité démocratique de ces élections, c’est l’absence de mobilisation des électeurs, en Finistère comme partout en France. Cette réalité doit collectivement nous interroger, mais surtout nous donne une grande responsabilité : celle de conduire nos mandats respectifs avec la plus grande transparence, en mettant au cœur de nos décisions l’intérêt général et en rendant compte de notre action. Élus de la majorité comme élus de l’opposition, nous nous devons d’être à la hauteur, chaque jour, pour redonner confiance aux électeurs dans l’action publique. Profondément respectueux du moment démocratique que représente une campagne électorale, les candidats de gauche ont fait, tout au long de cette campagne, preuve d’honnêteté envers les Finistériens, avec des propositions conformes à la réalité des compétences du Département, conformes à la réalité de la contrainte budgétaire qui s’impose à l’institution. Loin d’engagements inconsidérés, de contre vérités sur le bilan de la précédente majorité, nous ne cachons pas notre inquiétude quant à la trajectoire annoncée par l’Alliance pour les politiques de solidarité désormais promise à une recherche de 40 millions d’euros d’économies. Nous formulons ce premier souhait : que les élus du groupe de l’Alliance agissent de manière responsable, honnête et transparente, et qu’ils soient à la hauteur de cette nécessité de remobiliser les citoyens. Cette exigence s’impose d’autant plus à vous, élus de l’Alliance, que le 14e canton qui fonde votre majorité n’a été gagné que de 5 voix. 5 voix ! Car le second enseignement de ce scrutin est bien qu’il n’est aucunement le fruit d’une adhésion massive à votre projet, ni le reflet des aspirations de tous les Finistériens. Depuis 2017, nous entendons que le clivage gauche-droite est dépassé et obsolète. Les attentes des français l’ont démontré aux élections municipales, aux élections régionales et aux élections départementales : il n’en est rien ! Les électeurs qui se sont mobilisés ont bien compris qu’on ne pouvait être de gauche "et en même temps" de droite. Loisir à chacun de commenter les dynamiques de gauche et l’issue des élections, une chose est certaine, le clivage au sein de notre assemblée ne souffre d’aucune ambiguïté. Nous le lirons concrètement au travers des choix politiques qui seront faits tout au long de ce mandat. Les Finistériens peuvent compter sur notre plein engagement pour défendre les valeurs de Gauche au sein de cette assemblée, pour mettre en lumière et au débat vos contradictions et les points de désaccord profonds entre nos projets. Mesdames, Messieurs les élus de l’Alliance, vous avez devant vous une opposition représentant la pluralité de la gauche, expérimentée, vigilante qui saura se mobiliser pour être présente à toutes les échelles d’action de la collectivité, sur le terrain et auprès de ses partenaires. » Il n’en est pas de même pour la nouvelle majorité. On a bien compris, et il l’a répété à plusieurs reprises, que Maël de Calan souhaite « aller vite ». Mais pour aller où ? La nouvelle majorité s’est engagé à accélérer le retour des allocataires du RSA vers l’emploi et réduire les délais de traitement des dossiers à la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Comme si la majorité de gauche avait procrastiné. Comme si les agents de la collectivité ne donnaient pas le meilleur d’eux même pour traiter le plus vite possible les dossiers qui leur sont confiés ? Le nombre de places dans les établissements accueillant des personnes âgées va augmenter a également promis le nouveau président. Mais sans préciser comment. C’est l’ARS (Agence Régionale de Santé) qui fixe le nombre de places et s’il avait été possible d’en créer plus que celles qui sont programmées dans le plan gérontologique départemental, la majorité précédente l’aurait fait. Le décor est donc, provisoirement, planté pour ce nouveau mandat : la majorité de droite est particulièrement fragile puisqu’elle ne repose que sur un canton, celui de Brest 3, dans lequel un recours a été déposé.
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