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mercredi 25 décembre
Une société́ sûre pour toutes les femmes

Dans une tribune publiée dans le Monde le 25 novembre dernier, Anne Hidalgo présentait ses propositions « pour que la peur change de camp ».

« Il faut rendre hommage à toutes les femmes qui ont eu le courage de raconter, singulièrement ces dernières années, à ces femmes victimes de violences physiques, psychologiques ou sexuelles, qui ont alerté le pays.
Mais les hommages ne suffisent pas, il doit désormais y avoir une réponse ferme qui fasse que la peur change de camp.
Dans ce domaine plus que dans tout autre, nous devons nous prémunir des annonces en grande pompe, ensuite démenties par les moyens réellement mis en œuvre. Emmanuel Macron s’était engagé à en faire la grande cause de son quinquennat, il n’en a rien été. Les discours et les gesticulations ministérielles ont primé sur la recherche de l’efficacité et sur la construction avec les acteurs de terrain.
Il est grand temps d’écouter les associations qui demandent un milliard d’euros à l’Etat. Ce chiffre n’est pas symbolique, il est la condition de notre réussite collective.
En matière de violences sexuelles, je proposerai la mise en place d’un système de référent unique dès le signalement, pour l’accueil et l’accompagnement de la victime dans toutes ses démarches, comme cela se pratique en Angleterre.
Mettre fin aux violences faites aux femmes passe par l’éducation, et en particulier l’éducation au consentement. Les mouvements #meetoo ont placé à raison cette question du consentement au cœur de l’actualité. Cette notion est une des conditions sine qua non de la prévention des violences sexuelles.
Nous voulons que les nouvelles générations entrent dans l’adolescence et la vie adulte en ayant intégré les notions de libre choix et de consentement, d’égalité des genres. Pour cela, je propose la mise en place d’enseignements spécifiques dispensés par des professionnels, comme cela se fait dans plusieurs pays européens, notamment en Espagne.
Mettre fin aux violences faites aux femmes passera aussi par un meilleur accompagnement des victimes, afin que parler ne puisse plus jamais être considéré comme un risque, mais toujours comme le début d’un processus conduisant à la sécurité et à la liberté.
Nous voulons développer une culture de la protection de la victime : aucun refus de plainte ne peut être toléré et la victime doit pouvoir être prise en charge immédiatement. Il nous faut aussi ouvrir davantage de places d’hébergement d’urgence afin qu’aux violences ne s’ajoute plus la peur de dormir dehors avec ses enfants. Je proposerai la mise en place, en lien avec les associations, d’une procédure d’urgence de mise à l’abri des femmes victimes de violences dans ce moment-clé qu’est la séparation.
Tout doit être mis en œuvre pour garantir la protection des femmes victimes de violences. Cela passe également par la protection des enfants. Un compagnon violent n’est pas un bon parent. Je propose de faire de la suspension de l’autorité parentale le principe pour les personnes reconnues coupables de violences intrafamiliales.
Inspirons-nous de ceux qui ont réussi. En la matière, l’Espagne fait figure d’exemple dans le monde entier. Depuis près de vingt ans, la lutte contre les violences faites aux femmes y est une priorité politique. Les résultats sont incontestables, les meurtres ont diminué de 15 %. Dans tous les corps de métiers : médecins, policiers, psychologues, magistrats, travailleurs sociaux, des formations sont massivement dispensées pour améliorer la prise en charge des victimes tout au long de leur parcours de sécurisation.
Je proposerai que nous mettions en place de telles formations pour enfin reconnaître la spécificité des crimes de genre. C’est ainsi que nous créerons une synergie entre les professionnels, qui permettra d’offrir un parcours de sécurisation et de reconstruction à toutes les victimes. Je proposerai également la création d’unités de police et de magistrats spécialisés, puis de pérenniser l’existence d’un parquet spécifique, tel qu’il est expérimenté à Nantes.
Je propose aussi de créer une plate-forme de recensement de toutes les informations relatives aux violences faites aux femmes.
C’est une révolution que nous devons entreprendre afin d’aboutir à une société sûre pour toutes. Il nous faut réveiller les consciences, donner la liberté d’agir à celles et ceux qui sont sur le terrain pour prévenir, tout mettre en œuvre budgétairement pour que plus aucune victime ne se sente abandonnée par l’Etat, et enfin punir sévèrement et sans équivoque les criminels. »

Article publié dans le Cap Finistère n°1384 du 4 mars 2022




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