L’union de la gauche, c’est comme la Sainte Vierge. Si elle n’apparait pas de temps en temps, le doute s’installe.
Cette formule, inspirée de Michel Audiard, pourrait résumer la teneur des interventions de l’université de rentrée fédérale organisée la 24 septembre : on en parle depuis le début du 20e siècle mais elle n’est vraiment effective que par intermittence et ses contours peuvent fluctuer au gré des intérêts des différents protagonistes.
Afin de faire partager les analyses apportées par Marylise Lebranchu, Gilles Finchelstein, Rémi Lefebvre, Gilles Candar, Daniel Delaveau et Benoit Collorec, la fédération a décidé de publier une synthèse de leurs interventions sous la forme d’une contribution thématique, versée au débat du 80e congrès.
La contribution reprend notamment les propos tenus par Gilles Candar, spécialiste de l’histoire des gauches. Car, si elle demeure une entité, la gauche est diverse et variée.
Diverses déjà par ses composantes, au-delà des grands partis connus (PC, PS, EELV, LFI…) et des grandes familles et courants de pensées qui la traverse (Deuxième gauche, gauche libertaire, gauche libérale…).
Il n’en demeure pas moins qu’il y a quelque chose de commun que l’on retrouve partout. La gauche pourrit se définir comme la famille de celles et ceux qui considèrent que le monde, tel qu’il est, est imparfait, qu’il faut changer les choses et bousculant l’ordre établi.
A travers son histoire, malgré les différences, les divergences, la gauche a tout de même toujours trouvé des combats communs. Au 19e et au 20e siècle, elle se retrouvait autour du combat pour une République sociale, laïque, indivisible et démocratique. Il convient naturellement aujourd’hui de rajouter l’adjectif écologique.
Voilà ce qui rassemble la gauche. Mais les divergences apparaissent très rapidement ne serait-ce que pour hiérarchiser l’importance de ces combats et les méthodes pour les mener. Réforme ou révolution ? Élections ou grève générale ?
« À chaque fois que des questions nouvelles apparaissent, c’est une force politique émergente qui les pose. Tout simplement parce que pour exister et faire sa place, une force émergente doit s’imposer, dans le débat et sur les autres, et cela se fait rarement par la douceur et la modération » a résumé Gilles Candar.
Cela a été le cas des socialistes à la fin du 19ème et au début 20ème, face aux radicaux, notamment. Les grands combats étaient alors la République, le suffrage universel et la laïcité, à laquelle les socialistes au 20ème siècle ont voulu ajouter la question sociale, de la propriété, privée ou collective, des moyens de productions.
Même chose pour les communistes dans les années 1920/1930 et pour les écologistes dans les années 1970/1980. « C’est au fond ce que l’on a connu avec la France Insoumise à ses débuts, qui a voulu s’affirmer avec une certaine vigueur face au PS et aux autres forces de gauche ».
L’accord passé pour les dernières Législatives s’inscrit donc dans cette longue histoire de relations tumultueuses entre les partis de gauche, souvent mythifiée.
« Il était à la fois nécessaire et inédit : Il répondait à une très forte aspiration unitaire de la part des électeurs de gauche » comme l’a souligné Rémi Lefebvre, rappelant que 500 000 personnes s’étaient inscrites pour participer aux primaires populaires.
Si l’union était voulue, « par le bas », sa mise en application « par le haut » n’est pas allée sans poser quelques difficultés comme l’a regretté, notamment, Marylise Lebranchu en précisant qu’il n’a pas suffisamment pris en compte les réalités locales. En affinant les candidatures, il aurait certainement été possible de présenter des candidats correspondant mieux aux réalités locales. Il s’agit là également d’un des regrets de Pierre Jouvet qui n’est pas parvenu à faire comprendre à ses interlocuteurs que, si les résultats nationaux de la présidentielle pouvaient être utilisés pour fixer la représentativité de chaque partenaire, rien n’interdisait, en fonction des réalités locales, de chercher le ou la meilleure candidate pour l’emporter dans les circonscriptions.
L’union de la gauche est-elle solide ? Oui et non. Comme l’a expliqué Gilles Finchelstein, sur les politiques publiques, il existe une unité entre les Insoumis, les Socialistes, les Communistes et les Écologistes. Sur les questions de société, d’immigration, d’environnement, sur le rapport à la mondialisation, des divergences peuvent apparaître. Et concernant l’Union européenne et les questions internationales, on peut trouver de vraies divisions.
Cette contribution a pour ambition d’alimenter les débats dans les sections socialistes en apportant des éléments d’analyses sur un sujet central pour le 80e congrès.
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