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mercredi 25 décembre
Urgence culturelle
« L’urgence est climatique et sociale, elle est aussi idéologique et donc culturelle », expliquent Raphaël Glucksmann, Olivier Faure et une vingtaine d’élu.es socialistes dans une Tribune publiée le 28 avril. 
« À l’approche des élections européennes, l’art et la culture seraient une fois encore les grands absents des débats ? Soyons ceux qui portent fièrement l’émancipation, l’humanisme, la fraternité, la solidarité, la poésie dans le discours politique, car ces principes sont essentiels pour donner tout son sens à la construction de l’Europe. Il y a urgence ! 
Il est temps d’inventer cette coopération nécessaire entre le monde intellectuel, les artistes et les experts au niveau européen. Notre continent se perd dans des querelles stériles, pris en tenaille entre les tenants du populisme d’un côté et les défenseurs du statu quo néolibéral de l’autre. 
L’idée européenne est bousculée, critiquée, niée. Les populistes la fustigent, pointant ses échecs pour mieux entonner le chant qui est le leur, le rejet de l’autre, soit la fermeture des frontières et le refus d’accueillir les étrangers. Les libéraux, eux, détournent les fondamentaux et négligent les valeurs visées par la construction européenne. Ils ne voient en l’Europe qu’un grand marché pour mieux asseoir la puissance des lobbies financiers. Trop longtemps la politique libérale et l’austérité ont dominé le continent. Or cela ne profite qu’à quelques-uns quand tous doivent se sentir européens. D’autres alternatives existent. 
Le monde culturel revendique pour les peuples l’émancipation, la justice sociale et la paix. Si l’Union européenne s’est faite d’abord sur la dimension économique et l’équilibre des marchés, assurant une première forme de stabilité, elle doit revenir aujourd’hui sur ses fondamentaux : c’est par la culture et avec la fierté de placer la culture comme l’élément structurant de notre avenir qu’une nouvelle étape, à laquelle nous aspirons tous, peut advenir. La conscience des luttes à mener est maintenant établie, passons au temps des mobilisations et de l’action pour mettre en oeuvre une Europe qui s’invente autrement, tournée vers les femmes et les hommes, une Europe qui a une histoire, des histoires, l’Europe de la culture. 
Souvenons-nous, au moment où sont célébrés les 500 ans de la Renaissance, que l’Europe humaniste s’est façonnée sous l’impulsion de la création artistique. L’accès à l’art, la circulation des oeuvres et les lieux de diffusion sont les moyens remarquables de faire vivre aussi les valeurs européennes pour que chacun en ait une expérience intime sur tous les territoires. La culture joue un rôle irremplaçable dans l’ouverture à l’autre, la découverte, le partage, l’hospitalité. Elle permet à chacun d’avoir une conscience de sa propre histoire et porte l’altérité. Elle est aussi une force contre l’oppression et l’obscurantisme. Elle a déjà montré sa volontaire implication dans le dialogue interculturel, l’accueil et l’intégration des réfugiés, participant pleinement à la définition de la société de demain. 
La culture est le point de départ de nos questionnements en ce qu’elle nous confronte à d’autres manières de voir, de concevoir le monde ; elle nous bouscule dans nos routines et dans nos préjugés, en nous poussant à avancer et à créer. 
L’espoir européen est beaucoup plus ambitieux. L’Europe n’appartient pas aux multinationales, aux géants du numérique, aux marchés internationaux et aux règlements complexes, elle appartient aux citoyens. 
Cela nécessite des choix politiques qui affirment le rôle central des artistes comme de l’action culturelle, qui posent la recherche du lien social comme prioritaire et qui reconnaissent à chaque être humain sa dignité et la capacité de faire des choix et de trouver sa place. 
Alors poursuivons avec fierté les combats culturels d’avenir en augmentant l’accès au programme Europe créative, au programme Erasmus+ pour le secteur culturel, en garantissant un statut et une juste rémunération aux artistes et aux créateurs européens, en soumettant les GAFAM à leur responsabilité, en faisant de la protection et de la mise en valeur du patrimoine européen un axe transversal de nos politiques… L’émotion générale suscitée par l’incendie foudroyant de Notre-Dame de Paris, symbole de la culture européenne, est la preuve tragique de ce commun qui nous rassemble. 
Rappelons-nous les mots de Victor Hugo qui chérissait lui-même l’idée d’Europe : “ Le temps presse, l’humanité n’a pas une minute à perdre. Il est urgent de considérer la culture comme le ciment de l’unité européenne ” ».
 
Article publié dans le Cap Finistère n°1269 du 10 mai 2019
 



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