Gouverner, c’est prévoir. Après les tergiversations concernant le port des masques et les cafouillages sur les tests, la France va-t-elle rater le rendez-vous de la vaccination ?
Plusieurs annonces laissent à penser qu’un vaccin pourrait, à moyen terme, être mis au point. Pour l’instant les laboratoires indiquent des taux de fiabilité aux alentours de 90 %. Personne n’est dupe de ces effets d’annonce, mais une chose est sûre : nous devons nous tenir prêt à vacciner massivement. Or, pour l’instant, rien ne permet d’affirmer que notre pays soit en capacité de le faire.
C’est pourquoi, Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a adressé un courrier à Emmanuel Macron et les parlementaires socialistes ont déposé une proposition de résolution.
« Quand le processus sera lancé, il faudra aller très vite et mettre en place des procédures pensées et expliquées en amont », insiste Olivier Faure.
« Or, une fois encore, le flou semble le seul horizon et l’opacité la règle. Dès le 9 juillet, pourtant, le Conseil scientifique, dans son avis intitulé Une stratégie de vaccination, faisait ses propositions. Quelles suites ont été données par le gouvernement ? Quelle option a été anticipée ? La Haute Autorité de Santé vient tout juste de lancer une consultation publique sur la vaccination contre la Covid-19 et elle ne présentera ses conclusions que début 2021 ! Notre pays est déjà en retard. »
Au-delà des aspects logistiques, les pouvoirs publics seront confrontés à une difficulté de type psychologique. « Nous connaissons les réticences de nombre de nos concitoyens face à la vaccination, de manière générale, et pour ce vaccin développé rapidement en particulier.
Une adhésion de la population est essentielle au succès de l’opération et à l’efficacité de la protection », prévient le Premier secrétaire du PS. « Il faut donc une concertation étendue et une écoute des questionnements et inquiétudes divers - qu’ils soient justifiés ou non. À ce titre, je réitère la demande écrite de l’ensemble des députés socialistes, adressée lundi au premier ministre, que soit mis en place le comité de liaison citoyen recommandé par le conseil scientifique dans plusieurs avis. Nous partageons son constat selon lequel “pour être efficaces, les choix à réaliser nécessitent une large adhésion de nos concitoyens”. »
Pour gagner la bataille de la vaccination, toutes les forces vives doivent être associées. « L’opacité, la centralisation et l’improvisation ont jusqu’ici suffisamment démontré leurs limites. Le moment est venu de changer de méthode. »
Enfin, si la protection de la population française doit être la priorité du gouvernement, la France doit garantir l’accès au vaccin à tous les peuples touchés, en en faisant un bien commun universel. « Rien ne serait pire que de connaître une partition du monde entre ceux qui disposent du moyen de maîtriser la contagion et les autres condamnés à une crise sanitaire, économique et sociale. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1332 du 20 novembre 2020
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