Trop c’est trop. Les parlementaires socialistes, représentés par leurs présidents de groupes, Valérie Rabault et Patrick Kanner, ont interpellé le premier ministre le 7 janvier pour exiger qu’il fasse, dans les plus brefs délais, une déclaration devant le Parlement, afin de préciser comment
il entend corriger le retard pris par la France en matière de vaccination.
Cette demande intervient alors que les propositions des parlementaires socialistes pour lutter contre les effets de la crise sanitaire restent lettres mortes et que le premier ministre qualifie de « polémiques » toute question ou suggestion.
« Vous n’avez pas souhaité soumettre votre déclaration du 16 décembre sur la stratégie vaccinale à un vote. Aujourd’hui, étant donné la gravité de la situation et les manquements du gouvernement, il nous paraît indispensable que la déclaration que nous demandons soit soumise à un tel vote qui permettra au Parlement de véritablement exprimer son accord ou son désaccord sur le contenu de vos annonces », insistent les deux présidents de groupes. « Votre stratégie, depuis un mois, consiste à multiplier les conseils de défense. En procédant ainsi, vous vous soustrayez à la délibération collective que vous avez pourtant appelée de vos vœux dans votre déclaration du 16 décembre et échappez au contrôle que tout Parlement, dans une démocratie, a la responsabilité d’exercer. »
Cette demande intervient après de nombreuses sollicitations, toujours balayées d’un revers de main.
« En effet, à plusieurs reprises, nos deux groupes parlementaires vous ont sollicité, ainsi que votre gouvernement sur votre stratégie vaccinale et ses modalités pratiques. »
Dès le 13 octobre dernier, Boris Vallaud est intervenu pour connaître les dispositions pratiques que comptait prendre le gouvernement, constatant le retard déjà pris par la France par rapport à plusieurs pays européens.
Le ministre des Solidarités et de la Santé, chargé de répondre, a alors dénoncé une question qu’il a qualifiée de polémique et a conclu : « Rassurez- vous, tout est en cours de préparation sur ce sujet ».
Un mois plus tard, le 10 novembre, c’est Chantal Jourdan, qui demande à nouveau des précisions. Là, le secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, s’est contenté d’indiquer que « notre pays n’est pas en retard », appelant par la suite à « ne pas faire de polémiques à propos d’un vaccin qu’on n’a pas encore trouvé ».
Les récentes interventions ne sont pas de nature à rassurer les élus socialistes : si tout est prévu, programmé et sous contrôle, pourquoi faut-il alors amplifier, accélérer et simplifier ?
Si, une fois de plus, le premier ministre refuse cette transparence et le vote qui y est associé, les parlementaires socialistes se réservent la possibilité d’utiliser tous les mécanismes que la Constitution met à leur disposition.
Article publié dans le Cap Finistère n°1338 du 15 janvier 2021
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