Vive le paritarisme !
Il y avait une forme de jubilation chez Emmanuel Macron lorsqu’il a commenté l’échec des négociations entre syndicats et patronat sur l’assurance chômage. Pourtant, il n’y a pas de quoi fanfaronner comme l’ont démontré sept élu.es socialistes (*) dans une Tribune, publiée le 23 février par le Journal du dimanche, intitulée : « Prendre le temps de refonder notre démocratie sociale ».
Car le moment est grave. En effet, depuis 1982 aucune négociation de l’assurance chômage n’avait échoué. Le chef de l’État ne peut pas prendre à la légère cette situation inédite. D’autant que son gouvernement et le patronat en portent seuls la responsabilité. Le patronat a refusé d’admettre qu’une partie des chefs d’entreprises abusent des contrats courts. Rien n’obligeait le gouvernement à ouvrir ces discussions en exigeant 4 milliards d’euros d’économies.
« Corsetée par ce cadrage et le dogmatisme du patronat, la négociation n’avait aucune chance d’aboutir. Les déclarations du président Macron révèlent les intentions initiales de l’exécutif : reprendre la main. Cet échec est une mauvaise nouvelle pour les demandeurs d’emploi, pour la démocratie et pour le dialogue social », déplorent les signataires. Alors que faire ? « La convention actuelle n’arrive à échéance que dans 18 mois », précisent les signataires. « Donnons du temps à une concertation approfondie avec les partenaires sociaux pour construire un système d’assurance chômage juste.
Un système qui pénalise les employeurs qui abusent des contrats de très courte durée et qui ne pèse pas sur ceux qui sont les plus vertueux.
Ne faut-il pas déplafonner les cotisations d’assurance chômage pour que les plus aisés contribuent à l’assurance chômage des plus précaires ?
Un système lisible où chacun connaît ses droits pour éviter le drame des indus régulièrement rappelés par le médiateur de Pôle Emploi.
Un système où allocations chômage et minima sociaux seraient parfaitement articulés, pour permettre une meilleure continuité des droits.
Il faut remettre en selle, sans tarder, les partenaires sociaux plutôt que de prendre acte de leur disparition. Voilà, au terme du Grand débat un sujet qui trouverait sa place dans le Grenelle du pouvoir d’achat et de la transition écologique auquel le Parti Socialiste appelle, depuis des mois, comme une condition d’une démocratie vivante. »
(*) les signataires sont : Boris Vallaud, député des Landes (PS), Carole Delga, présidente du Conseil régional d’Occitanie (PS), Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis (PS), Monique Lubin, sénatrice des Landes (PS), Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle (PS), Christine Pirès-Beaune, députée du Puy-de-Dôme (PS), Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse (PS).
Article publié dans le Cap Finistère n°1262 du 15 mars 2019