Youth for climate
Zeno Polley, de Kiel, est étudiant erasmus en L3 de lettres. Marin Lagny est en classe préparatoire littéraire. Ils appartiennent tous les deux à Youth for climate Brest et nous expliquent le sens de leur engagement.
Cap Finistère : Quelle est l’origine de Youth For climate ? Et depuis quand existe le groupe de Brest ?
Marin Lagny : Youth for climate s’est formé dans la foulé de la grève pour le climat du 15 mars. C’est à la suite de cette manifestation, qui a rassemblé plus de 4000 personnes à Brest, que s’est constitué le groupe brestois.
Zeno Polley : J’étais déjà actif en Allemagne mais dans des associations étudiantes et je poursuis ici mon engagement.
Cap Finistère : Que représente Greta Thunberg pour vous ?
Marin Lagny : Une figure médiatique. Certainement pas une cheffe car nos groupes s’organisent de manière horizontale. Nous nous définissons comme un mouvement holarchique basé sur l’autogestion. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous exprimons ici nos points de vue et pas celui de tout le groupe. Lorsqu’une idée est avancée, si elle recueille un certain consensus, nous la mettons en œuvre. Nous sommes en relation avec les autres groupes locaux comme ceux de Quimper, Concarneau ou Saint-Brieuc. Nous fonctionnons beaucoup par internet pour débattre et échanger sur nos actions et comparer ce qui fonctionne ou pas. Les réseaux sociaux nous permettent d’annoncer des événements.
Mais Youth for climate tient aussi des assises nationales. La dernière s’est tenue à la fin du mois d’aout.
Cap Finistère : Comment résumeriez-vous votre projet ?
Zeno Polley : Agir à Brest et dans le pays de Brest pour une transition écologique, sociale et démocratique. Par nos actions et nos manifestations nous voulons alerter sur l’urgence climatique mais aussi mettre en valeur et rendre plus visibles les actions des autres collectifs écologistes. Mais, comme tout est lié, nous avons aussi participé à la manifestation du 1er mai pour dénoncer le rôle des multinationales dans le dérèglement climatique, mais aussi dans l’accroissement des inégalités et les conditions de travail qu’elles imposent. Tout est lié : le capitalisme détruit l’environnement et provoque des inégalités. Pour nous, le changement climatique appelle des changements profonds de nos modes de vie, de consommation, de déplacement et ce sont les autres secteurs qui doivent s’adapter. Nous devons placer cet enjeu au cœur des politiques. Et le plus rapidement possible car plus nous attendons, plus les changements, inexorables, seront difficiles
Cap Finistère : Vos modes d’actions, basés sur la désobéissance civile sont parfois contestés.
Zeno Polley : A la base, sécher les cours pour aller manifester le vendredi, peut être considéré comme de la désobéissance civile. Mais ça contribue à la prise de conscience.
Marin Lagny : Nous assumons ce mode d’action. Par exemple, nous avons aussi mené une opération sur le port de Brest pour dénoncer les importations de soja. Personne ne sait vraiment d’où il vient ou comment il est produit mais on sait que la culture du soja, qui sert à nourrir les bovins chez nous, est en grande partie responsable de la déforestation en Amazonie.
Nous sommes contre les panneaux lumineux et leurs publicités agressives et nous avons mené une action pour les recouvrir. Nous n’avons rien dégradé. Nous avons juste utilisé de l’eau et de la craie. Ça part très facilement, il suffit d’un chiffon mouillé. Les grands groupes comme Decaux sont pour l’instant totalement insensibles à ce genre d’action. Pourtant, un panneau publicitaire lumineux consomme autant que 2 foyers par an. En revanche, nous avons constaté que certains commerces ont éteint leurs vitrines après notre première action. Pour nous, les panneaux lumineux sont un non-sens : à la fois à cause de l’énergie gaspillée, mais aussi par les messages consuméristes qu’ils véhiculent.
Cap Finistère : Quels sont vos projets dans les semaines où les mois qui viennent ?
Marin Lagny : Nous allons continuer nos actions de sensibilisation. Une grève pour le climat est prévue le 29 novembre. Les lycéens seront appelés à descendre dans la rue. Ça constituera un moment fort mais nous n’en faisons pas notre objectif principal. C’est une étape dans la mobilisation et l’établissement d’un rapport de force. Pas un objectif en lui-même.
Zeno Polley : D’autant qu’en France les mobilisations sont bien moins massives qu’en Allemagne. Les enseignants y soutiennent plus le mouvement. 100 000 personnes, essentiellement des lycéens et des étudiants mais aussi des adultes, sont descendus dans les rues d’Hambourg le 15 mars à l’appel de Fridays for Future.
Nous soutenons aussi des initiatives locales qui contribuent à la transition écologique. Je pense en particulier au lancement de la version numérique de l’Héol, la monnaie locale du pays de Brest qui permet de favoriser les circuits courts.
Nous interviendrons également dans la campagne municipale selon des modalités qui restent à définir. Mais nous entendons bien être attentifs aux projets qui seront présentés et nous donnerons notre point de vue. Nous voulons que les préoccupations écologiques soient au cœur des politiques qui seront mises en œuvre durant le prochain mandat.